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César en cinq gestes

Dernière grande figure du Nouveau Réalisme à n’avoir pas bénéficié d’une rétrospective au Centre Pompidou, César s’y trouve actuellement célébré au travers d’une centaine de pièces en provenance du monde entier. L’occasion de découvrir, derrière le masque médiatique, un artiste pétri de contradictions dont le travail se constitue, plus que de séries successives, de gestes décisifs et d’ouvrages cent fois remis sur le métier.

 

Souder

Né à Marseille en 1921, César Baldaccini entre aux Beaux-Arts de Paris en 1943. Sans le sou, il s’intéresse aux matériaux de récupération puis s’approprie la technique industrielle de la soudure à l’arc. De ses tôles pliées, cisaillées et incrustées de déchets, naissent divers animaux et figures humaines. Dans les années 1950, ces Fers soudés lui vaudront ses premiers succès. Quelques décennies plus tard, le sculpteur reviendra à ses premières amours métalliques, comme en témoigne la série des Poules patineuses entreprise en 1985.

  

Compresser

En 1960, à la faveur d’une visite chez un ferrailleur, César tombe nez à nez avec une presse géante importée des États-Unis. Quelques mois plus tard, quand l’artiste présente trois voitures compressées au Salon de mai, le public crie au scandale. Qu’importe cette première incompréhension, César poursuivra ses Compressions sa carrière durant, faisant varier leurs matériau, forme et degré de compression. Un geste qui lui ouvrira les portes de la Biennale de Venise en 1995, et se muera en révérence avec la Suite milanaise en 1998.

 

Mouler

Tandis qu’il prépare une exposition sur le thème de la main à la galerie Claude Bernard, César fait la découverte, en 1963, d’un pantographe permettant d’agrandir les sculptures. Il fait alors réaliser l’empreinte de son pouce qu’il augmente dans une résine orange. À cette première pièce, succéderont des pouces de différentes tailles et matières ainsi que des motifs comme le sein et l’autoportrait. De prime abord à part dans l’œuvre de César, les Moulages et les Empreintes humaines creusent en réalité le principe de non-intervention des Compressions autant qu’ils annoncent la dimension organique des Expansions.

 

Étendre

À l’origine des Expansions, se trouve encore une fois une trouvaille, celle de la mousse de polyuréthane, un matériau expansif que César, dans un mouvement opposé à celui des Compressions, laisse s’écouler – tout en intervenant sur le dosage, la direction et la forme – puis se solidifier. Si les premières Expansions, réalisées en 1967 en public, prennent la forme de happenings à l’issue desquels chacun repart avec son morceau d’œuvre, César entreprend très vite de pérenniser ses sculptures, les figeant sous un épais vernis irisé.   

 

Envelopper

Après avoir vu des feuilles de méthacrylate chez un fabricant de meubles et de vitrines, César se lance, dès 1965, dans de délicates Compressions de matières plastiques transparentes. Dans les Enveloppages, celles-ci s’enrubannent amoureusement autour d’objets chinés tels qu’une machine à écrire, un téléphone ou un moulin à café. Ces pièces peu connues, que César considérait comme des essais, trouvent aujourd’hui, en raison de la tension qu’elles soulignent entre l’ancien et le moderne, l’intérieur et l’extérieur, toute leur place au sein de son œuvre.

 

Aurélie Laurière

 

À voir > au Centre Pompidou, place Georges Pompidou, Paris 4e.  Jusqu’au 26 mars 2018, tous les jours, sauf le mardi, de 11h à 21h.

 

Visuel : César, Pouce, 1965. [mac] Musée d’art contemporain, Marseille © SBJ / Adagp, Paris 2017 © Collection [mac] Musée d’art contemporain Marseille. Photo © DR.