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Little stories : Romain Bernini

Fahamu Pecou est insaisissable : à la fois universitaire, peintre, performeur et figure publique, sa production s’inspire autant du hip hop que de l’histoire de l’art et de la littérature. Ses peintures à l’acrylique sont visibles tant dans des musées et des galeries du monde entier que dans la série Empire. À l’occasion d’"Of Crowns and Kings, la cinquième de ses expositions organisée à la galerie Backslash, zoom sur un artiste prolifique et engagé dont la Collection possède une toile, "Negus Is As Negus Does", et à qui elle avait consacré une exposition monographique en 2017.

 

 

Fahamu Pecou is the Shit!

Né à New York, c’est à Atlanta que Pecou s’est installé et a établi sa carrière. Attiré par l’art depuis toujours, c’est tout d’abord en tant que graphiste qu’il exerce, créant pour des restaurants et des boîtes de nuit mais aussi pour des politiciens ou des labels de hip hop. Au contact de ces rappeurs, il développe une partie de son esthétique, s’appliquant à lui-même les techniques de marketing propre au style, utilisant ses fanfaronnades et ses moyens d’expression : si Fahamu Pecou est surtout connu pour ses tableaux, il produit aussi des performances et de la musique. Source d’inspiration – il lui consacre plusieurs séries, dont « All Dat Glitters Aint Goals », comme il consacre « Music As A Weapon » à l’afrobeat –, le hip hop est aussi pour l’artiste le point de départ d’une réflexion plus large sur l’image des masculinités noires dans la société contemporaine.  

 

I know why the caged bird blings

Se sentant de son propre aveu à l’étroit dans les clichés concernant les hommes noirs dès son adolescence, il décide d’en faire le cœur de ses recherches à la fois sur le plan artistique – toutes ses peintures sont des autoportraits – et académique – c’est à cette question qu’il a consacré sa thèse de doctorat. Mêlant beaux-arts, pop culture et communication – Pecou revendique l’influence d’Andy Warhol –, son art est aussi nettement politique : sa série « #BLACKMATTERLIVES » est par exemple une référence au mouvement militant Black Lives Matter. « Mon objectif est de créer un dialogue avec les jeunes hommes de la communauté noire », explique l’artiste : picturalement dans la lignée d’un Barkley L. Hendricks, il convoque des figures tutélaires de la littérature noire telles qu’Aimé Césaire et Maya Angelou pour offrir fierté et émancipation à sa communauté.  

 

Of Crowns and Kings

À travers ses toiles, c’est toute une histoire des Afro-Américains que Pecou dessine, du The Favorite Magazine, « premier et unique mensuel publié pour et par des gens de couleur » du début du XXe siècle affiché dans Negus Is As Negus Does aux arts et spiritualités africaines où il est allé rechercher ses racines. Comme la représentation de statues traditionnelles d’Afrique de l’Ouest, les allusions à la religion yoruba (dont notamment la pratique de l’ifa, une forme de divination), et ses descriptions du langage vestimentaire de la jeunesse afro-américaine, les couleurs vives qui évoquent les teintes éclatantes des tissus wax et les coiffures sophistiquées inspirées par la coutume amasunzu du Rwanda que l’on peut voir dans l’exposition Of Crowns and Kings relèvent de la même volonté de faire rentrer les productions culturelles noires dans l’histoire de l’art. Une manière universelle et très contemporaine de faire converger traditions séculaires et ultra-modernité.

 

C. Perrin

 

À voir > à la galerie Backslash , 29 rue Notre-Dame de Nazareth, 75003 Paris
Du 6 septembre au 26 octobre 2019, du mardi au samedi de 14 h à 19 h

Crédit Photo : Neda Abghari - courtesy de l’artiste & Backslash