Qui êtes-vous Stéphane Dafflon ?
À l’occasion de sa première exposition personnelle dans une institution parisienne, U+25A6 au Plateau, on a voulu en savoir plus sur le discret artiste suisse Stéphane Dafflon, dont la Collection Société Générale possède une toile abstraite sobrement intitulée AST126 (pour acrylique sur toile n° 126). Entretien.
Vous souvenez-vous de votre rencontre avec l’art ?
C’était avec un Yves Klein, un monochrome bleu sous Plexiglas. Je me suis demandé : « Mais qu’est-ce que c’est ? Pourquoi c’est de l’art ? » Ça m’a beaucoup marqué ; je devais avoir 8 ans.
Comment la voie de l’art s’est-elle ensuite imposée à vous ?
Comme je me sentais à l’aise avec le dessin et avec beaucoup de choses liées à l’art, j’ai eu le désir d’essayer de faire une école d’art. J’ai donc fait un dossier pour entrer à l’ECAL [École cantonale d’art de Lausanne]. Je savais que c’était ce dont j’avais envie, ce qui me motivait, mais je n’avais pas encore d’activité d’artiste à ce moment-là. C’est à l’école que je l’ai développée.
Faisons un bond dans le temps. Se tient actuellement votre première exposition personnelle dans une institution parisienne, U+25A6 au Plateau. Que signifie ce titre ?
Je voulais un titre abstrait dans la lecture mais qui, en même temps, renvoie au langage. Si on tape U+25A6 dans Google Images, par exemple, on voit apparaître une grille. C’est du langage Unicode, un standard informatique qui permet d’échanger des textes dans différentes langues.
Quelle place l’informatique occupe-t-elle dans votre pratique ?
Je l’utilise pour mes croquis. Sa place était très importante au départ, moins par la suite ; ça fluctue. Les logiciels me permettent de tester des formes, de faire des essais en 3D avant la réalisation, de travailler sur les plans, à la manière d’un architecte. Après, l’informatique m’intéresse aussi du point de vue de ce qui se passe dans l’art aujourd’hui, de sa diffusion, de la communication sur les expos, etc. En revanche, je ne suis pas sur les réseaux sociaux.
On ne peut donc pas dire que vous êtes un artiste numérique.
Numérique si, mais numérique pas connecté, peut-être.
Après une première étape sur écran, vos œuvres prennent la forme de peintures sur toile, d’adhésifs muraux et de sculptures. Établissez-vous une hiérarchie entre ces différents médiums ?
Non, tout résulte de la même intention. Je peux faire de la sculpture, de la peinture, une installation complète ou travailler sur une transformation de l’architecture ; tout est au même niveau pour moi, ce sont des supports complémentaires.
Vos œuvres dialoguent-elles toujours avec l’espace comme c’est le cas pour U+25A6, comme c’était déjà le cas lors d’une précédente expo au Plateau en 2015, et lors de votre première expo parisienne à la galerie Air de Paris en 2000 ?
C’est souvent le cas. Je pense que quand on regarde une peinture, la lecture se fait sur un plan qui est déjà un espace, l’espace du format du châssis. Ensuite, il y a le déplacement d’une personne dans un espace complet. J’aime bien le lien entre les deux, entre le mouvement du regard sur une œuvre et celui du corps dans un espace. Pour moi, les deux sont importants, et je peux donc passer d’un espace à l’autre. Le lien réside dans la perception.
Que cherchez-vous à provoquer chez le spectateur ?
Différentes perceptions justement, qui peuvent ensuite être interprétées. C’est très libre, je n’impose rien.
Propos recueillis par Aurélie Laurière
À voir > au Frac Île-de-France, le Plateau, 22 rue des Alouettes, Paris 19e.
Jusqu’au 15 avril 2018, du mercredi au dimanche de 14h à 19h.
Visuels
Vue de l’exposition U+25A6, Stéphane Dafflon © Stéphane Dafflon. Frac Île-de-France, le Plateau. Photo Martin Argyroglo.