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Génération !

 

 

Commissaire de l'exposition : Julia Marchand

Œuvres choisies issues de la Collection d'art Société Générale

de Paris La Défense exposées à L'Arsenal au Luxembourg

du 26 novembre 2025 au 30 juin 2026

 

Génération ! réunit les œuvres de six artistes issus de différentes générations et de divers horizons. La diversité des pratiques présentées invite à une lecture intergénérationnelle de la Collection Société Générale. Trois générations dialoguent sur le mur de l’Arsenal : les Baby-Boomers (avec David Hockney), la génération X (Julien Prévieux, Anne Neukamp, Françoise Pétrovitch) et les Millennials, eux-mêmes répartis entre la Gen Y (Ymane Chabi-Gara) et la Gen Z (Juliette Green).

 

On dit des Baby-Boomers que leur optimisme d’après-guerre s’est figé dans ses privilèges ; de la génération X, qu’elle est lucide face à l’essoufflement des grands récits ; et des plus jeunes, qu’ils se réfugient dans une forme de narcissisme digital. 

 

Mais que racontent ces œuvres, au-delà de ces clichés ?

 

Juliette Green, la plus jeune des artistes exposés, aborde au contraire la question de la transmission : un thème que l’on n’attendait peu chez une artiste de la génération Z. À travers un diagramme composé de dessins, elle raconte l’itinéraire improbable d’une recette de cuisine du XIe siècle avant JC, transmise de femme en fille, jusqu’à arriver entre les mains d’un jeune père d’aujourd’hui. L’œuvre Comment une recette traverse-t-elle le temps ? (2022) interroge les circulations invisibles entre générations, entre héritages et relectures intimes. Cette histoire de passage et de renversement d’idées reçues est aussi celle de l’exposition : et si l’on changeait de perspective ?

 

David Hockney, figure majeure liée notamment au Pop Art, se représente à travers un autoportrait réalisé sur iPad, un outil qu’il utilise depuis leur apparition en 2010. Son travail témoigne d’une curiosité constante, toujours nourrie par les avancées technologiques. À l’inverse, Juliette Green choisit un médium simple, direct, qui fait fi de la technologie.

 

Ymane Chabi-Gara, elle, sublime un mal-être adolescent à travers la figure des hikikomoris, dans des œuvres entre peinture et collage. Son regard se pose sur des communautés repliées, presque figées émotionnellement alors que le travail de Françoise Pétrovitch interroge la teneur mélancolique d’un paysage ou d’un enfant. Entre elles deux, un même souci d’empathie, de représentation d’individus à la fois présents et absents se donne à voir. 

 

Julien Prévieux et Anne Neukamp, quant à eux, s’inscrivent dans une veine plus analytique : leurs œuvres explorent les représentations schématiques, modélisées, comme un langage autonome. Une forme de prolongement des expérimentations visuelles initiées par la génération de Hockney — un regard post-Pop sur notre environnement saturé d’images et de signes.

 

L’exposition met en lumière les points de rencontre entre ces artistes de différentes générations : leur rapport aux technologies, aux formes de narration, à la représentation de soi et des autres, à l’observation du quotidien… mais aussi à l’émergence de nouvelles sensibilités. Elle propose une lecture décloisonnée des générations et questionne les frontières qu’on leur impose trop souvent. Plutôt que les opposer, elle suggère de voir ce qui se tisse entre elles. 

 

Julia Marchand