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James Welling : la photographie comme expérience

Éclatantes et volontiers électriques, les couleurs des photographies de James Welling sont reconnaissables au premier coup d’œil. Au centre de la démarche de l’artiste, elles floutent les frontières entre des sujets figuratifs et des filtres aux formes abstraites. Welling, dont la Collection détient un cliché de la série "Choreograph", a en effet passé sa carrière à étudier ce qui se glisse entre l’œil et l’objet représenté, c’est-à-dire le médium photographique lui-même. La galerie Marian Goodman lui consacre en ce moment une exposition intitulée "The Earth, the Temple and the Gods", où sa fascination récente pour l’Antiquité lui offre une nouvelle manière de questionner la photographie. Le prétexte est donc tout trouvé pour explorer les épaisseurs de cette œuvre foisonnante…

 

De la peinture à la photo

Né à Hartford, aux États-Unis, en 1951, James Welling se passionne pour l’art dès son adolescence. Marqué par le travail des peintres réalistes américains – Charles E. Burchfield, Edward Hopper, Andrew Wyeth – il s’intéresse dans un premier temps à l’aquarelle. Lors de ses études, à Pittsburg d’abord, il découvre les travaux de Matisse, Klee ou Rothko et la danse moderne, puis en Californie, au CalArts, il a pour professeur et mentor le photographe post-moderniste John Baldessari. C’est là qu’en diversifiant sa pratique – ses premières œuvres sont des vidéos mais il s’adonne aussi à la sculpture et au collage – il développe une prédilection pour l’art conceptuel et la photographie. Dès sa première exposition, où il présente des Polaroids, les lignes fortes de son travail se dessinent : prédilection pour les séries et altération des tirages.  
 

Pictures Generation

Dès le tournant des années 1970-1980, ses œuvres sont autant d’explorations de ces principes. Grâce à la sérialité, Welling utilise la photographie comme une structure lui permettant de décliner une infinité de variations plutôt que comme un moyen de capturer un moment unique. Ses premières séries envisagent la photographie comme moyen, mais aussi comme objet dont il étudie autant les techniques que les matériaux (« Aluminium Foil », 1980-1981 ou « Gelatin Photographs », 1984). Cette manière d’utiliser le médium pour mettre en valeur la nature construite, non-naturaliste des images qu’il produit le rapproche des préoccupations de la Pictures Generation de Cindy Sherman ou Sherrie Levine, même si Welling s’intéresse plus volontiers à l’histoire de l’art qu’aux images notamment publicitaires qui saturent le monde moderne.   
 

Histoire et post-modernité

En effet, James Welling se penche sur d’autres formes artistiques : l’architecture (« Glass House », 2006-2014, inspirée d’une maison de Philip Johnson, vidéo Lake Pavillon, 2009) ou la danse (série « Choreograph », 2014) notamment qu’il passe au prisme de filtres colorés souvent en trichromie. Si ses débuts étaient marqués par le noir et blanc, lorsqu’il découvre le logiciel Photoshop il y a plus de vingt ans, il se met en effet à utiliser la couleur comme matérialisation de l’intervention du photographe. Elle lui permet aussi de remonter le cours de l’art, de Rothko (« Degrades », 1998-2003) à l’Antiquité (« Julia Mamae », 2018) en passant par la photographie du XIXe siècle : c’est justement l’art antique et les débuts de la photographie que Welling explore en ce moment à la galerie Marian Goodman. Une manière résolument moderne de rendre hommage à la polychromie antique et aux potentialités infinies du médium photographique...                                                                                                                                                

 C. Perrin 
 

À voir > à la galerie Marian Goodman , 79 rue du Temple, 75003 Paris 
Du 24 janvier au 18 mars, du mardi au samedi de 11h à 19h.